Documentaire sur les abeilles
Hier soir j'ai assité à une réunion organisé par Attac Pays de Gex sur le thème de la mort annoncée des abeilles. Un documentaire "Disparition des abeilles, la fin d'un mystère" (online) de Natacha Calamèstre a été projeté en ouverture, puis un débat avec Eric Petiot a suivi. Deux heures en compagnie de têtes blanches en majorité dans une salle moyenne et bien remplie, j'étais très étonnée par le succès de cette soirée qui n'a reçu comme publicité que le bouche à oreille. Je me suis aperçue plus tard qu'à peu près tout le monde se connaissait, des apiculteurs, quelques agriculteurs, et surtout de nombreux retraités concernés.
Le documentaire montre des ruches aussi bien en France qu'aux Etats-Unis qui subissent de lourdes pertes depuis déjà quelques années. Le sujet est médiatisé depuis 2006 mais la tendance semble être là depuis plus longtemps. Un autre documentaire "Titanic Apicole" (online) était programmé mais fut remplacé car trop long mais plus complet. Cette enquête de 3 années conclut que les pesticides seraient bien responsables de l'affaiblissement des abeilles. Les abeilles sont responsables de la polynisation des fleurs et donc sans abeille il n'y aura plus de fruits et légumes, ni de vache et autre bétail, et sur la fin de la chaine alimentaire l'existence des hommes est remise en question. Les ruches en bonne santé sont de plus en plus rares. Aux Etats-Unis, la location des ruches se monnayent de plus en plus cher par les agriculteurs. En effet les apiculteurs voient leurs ruches détruites à 50% ou plus après des voyages sur certaines cultures pleines de pesticides. Le tourisme des abeilles est en cause.
Le débat s'oriente sur une piste technique et détaillée sur les pesticides employés aujourd'hui par les agriculteurs. Eric Petiot présente son travail de paysagiste, et de micro-biologiste. Des protocoles bio éprouvés sont élaborés et des efforts de ratification auprès d'établissements dont je ne connais même pas les acronymes. Mais comme dans la santé, l'agriculture bio se heurte à des lobbys industriels qui sortent leur argent pour empécher la vérité d'éclater. Un agriculteur témoigne la tête baissée, avoir fonctionné 20 années en conventionnel et utilisé de nombreux pesticides, fongicides et insecticides. Puis, depuis 2000, il est passé en bio, aussi bien pour des cultures maraichères, des vignes et un verger de pommes. Son regard s'éclaire. Aujourd'hui il est bio à 100% et fonctionne très bien avec des rendements corrects, et un niveau de vie acceptable. Il relève la tête et tout le monde applaudit son témoignage. Etonnant d'entendre cette histoire alors que je ne connaissais qu'un ou deux agriculteurs bio dans la région. Ouf l'espoir renait, même si cet agriculteur se sent bien seul au milieu de ces collègues conventionnels et subventionnés. En fin de soirée un apiculteur de 77 ans (eh oui il manque des jeunes sur ce ssecteur difficile) témoigne et tente de redonner de l'espoir sur la santé des abeilles. Quelques mots sur la structure "Terres de lien" avec achat d'actions pour favoriser l'installation d'agriculteurs bio (une interview de son fondateur dans le magazine Satoriz).
Cette industrie des pesticides me rappellent tant les industries pharmaceutiques et les industries agroalimentaires. Les parallèles sont tellement réels et sont dans tous les domaines. Les pesticides se veulent des médicaments pour combattre les symptômes des cultures (par exemple les mauvaises herbes). Mais qui ne se préoccupent ni des effets secondaires, ni des causes à la base des maladies. Quand redeviendrons-nous raisonnables?
De plus la standardisation des cultures entraine une utilisation de seulement quelques variétés. La diversité n'existe plus et elle est fortement découragée. L'arrachage des arbres et des prairies au bénéfices de grands champs de monoculture est favorisé, soi-disant pour nourrir tout le monde! Arrêtez de manger tant de viande et les besoins seront plus raisonnables pour nourrir la panète. Les vendeurs de graines de variétés en voie de disparition comme Kokopelli sont régulièrement poursuivis et forcés de fermer leurs portes. Certains jours, il y a de quoi aller vivre en ermite dans une grotte (si on en trouve encore une!).
Que pouvons-nous faire, nous commateurs?
La réponse est difficile et reste quelque peu vague, même si quelques solutions se mettent en place dans la région. Une seule AMAP existe à Ornex, et sa liste d'attente est légion. Une nouvelle AMAP se met en place à Sergy avec des produits locaux (50km autour), mais pour l'instant sans producteur direct. Les Vergers du Tiocan (association pour la préservation d'arbres pommiers) sont représentés, mais jusqu'à aujourd'hui la culture était de type conventionnelle. Un particulier apporte son témoignage d'un terrain de 30m2 planté en fleurs nectarifères (et méllifères) permettant aux abeilles polynisatrices de se nourrir: des phacélies, des pissenlits... C'est aussi pour ça que chez moi je garde précieusement tous mes arbustes de fleurs mais si certains sont sur le chemin des ballons des filles :-) Aujourd'hui j'ai pratiquement renversé la consommation de ma famille et j'achète 70% des fruits et légumes dans un magasin bio Satoriz évidemment (d'ailleurs, à quand la carte de fidélité Satoriz? Ca m'interesse)! Le conseil du vieil apiculteur passioné: Achetez votre miel chez vos voisins, encouragez les petits apiculteurs locaux à continuer leur travail auprès des abeilles.
Livres interessants:
- Purin d'ortie et compagnie d'Eric Petiot
- Les soins naturels des arbres d'Eric Petiot
- Pesticides: révélations sur un scandale francais de Fabrice Nicolino
- Magazine Sciences et Avenir (avril 2009): Les abeilles ont besoin d'un plan d'urgence.
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Articles:
- Les abeilles sont aussi atteintes au Japon